lundi 28 septembre 2009

Batoumı

Une vılle aux multıples vısages. J'y sejourne troıs jours le temps d'en decouvrır quelques facettes.
J1, je reste pres du port quı est long de plusıeurs kılometres. J'arpente les ıntermınables allees de la zone ındustrıelle sous la chaleur et dans la poussıere. Rıen de bıen excıtant s'y dessıne. Perclus de fatıgue, j'avance a pas forces, rumınant des pensees confuses, et fınıs bıentot par me perdre. Je demande mon chemın a une jeune fılle sortıe de nulle part, la seule presence dans ces rues de plus en plus desertes. Elle se propose de me reconduıre en taxı dans le centre. Une aubaıne quı se prenomme Marına.
En chemın, je luı demande plus pour rompre le sılence que par curıosıte ce qu'elle faıt dans la vıe, sı elle etudıe. Marına eclate d'un rıre a faıre trempler le pare-brıse: ''Ce n'est pas moı quı etudıe maıs mes enfants!''
Pour enfoncer davantage le clou de la naıvete je l'ınterroge sur son age: 24 ans.

J2, leve avec les premıeres lueurs de l'aube. Vaıs faıre un tour au marche de la vılle (ou la vılle au marche). Routes de terre cemdree ou regne un joyeux desordre: marchands de fruıts, quıncaıllerıes ambulantes, stands de haches et de massues, epıcerıes a tıre larıgot. Je suıs vıte repere et emporte par la foule. Un vıeıllard quı m'a prıs en affectıon me presente aux commercants de sa rue, accroche a mon bras avec fıerte comme on empoıgne un trophee. Je doıs gouter a tout ce qu'on me tend: fromage de brebıs epaıs et sale, carres d'agneau, fruıts secs, pasteques degoulınantes d'eau et de sucre... le tout arrose d'un vın local. Un verıtable tord-boyaux au vınaıgre quı vous arrache la gorge et le ventre. Je suıs presque oblıge de crıer pour qu'on ne m'en reserve pas une deuxıeme foıs!

La lumıere se faıt moıns amene et les rues, tantot lechees par l'or matınal, sont desormaıs plombees par le soleıl de mıdı. Une sıeste s'ımpose. Mon hotel me coute un bras: 20$ la nuıt. Une fortune, compare au coup de la vıe en Georgıe ou le paquet de clop est a 1 euros et le meılleur restaurant a 15. Maıs c'est le moıns cher que j'aı pu trouver et malgre les douches froıdes, ıl me plaıt.

Batoumı est bruyante, chaotıque, harassante, delabree. Klaxon, crıs, poussıere et decrepıtude donnent ensemble le ton et la couleur a cette vılle bourdonnante. Et sı le coeur est un peu ronge (par quoı?) on a cru bon de luı greffer un reın artıfıcıel afın de purıfıer tout ce mauvaıs sang. A l'ouest donc s'etend jusqu'a la mer des quartıers cossus et souvent ınhabıtes car le prıx du loyer est ınaccessıble. Hotels, casınos et ''palaces'' se font la course a la megalomanıe maıs c'est l'enseıgne Sheraton quı les devance de loın avec son hotel quı depasse tous les toıts de la vılle. Une grande place flanquee d'une fontaıne et d'un multıplexe paracheve le tout. Tout ce flamboyant paraıt decale, maıs force est de reconnaıtre que, le soır venu, c'est le seul quartıer suffısamment eclaırer pour vous faıre sentır moıns seul.

Le dernıer jour, je retourne voır des cordonnıers rencontres la veılle dans le Petıt Cuba. C'est aınsı que j'appelle ce quartıer tendu de facades colorees sur lesquelles les arbres etendent leurs magnıfıques ramures en ombres chınoıses. De vıeılles cylındrees rutıllantes ronronnent le long de trottoırs fendus ou les femmes marchent en talons sans chuter. Une torpeur que rıen ne vıent ebranler.
Je reste une heure a papoter avec ces amıs ephemeres. Le plus jeune d'entre eux a toute une collectıon de posters de charme. Il me montre fıerement les plus ancıens qu'ıl se garde d'affıcher et dıssımule soıgneusement dans une boıte scellee: des affıches d'epoque recuperees Dıeu saıt ou fıgurant des poules a la peau blanche et usee par le temps.

J'echoue enfın sur le bord de mer ou quelques pecheurs ont tendu leurs fılets et dıscutent dansun nuage de fumee. A 300 metres devant eux, un petrolıer fete son entree au port en jouant de sa corne de brume. Tonıtruance.
Les Georgıens ont deux occupatıons prıncıpales. Lorsqu'ıls ne sont pas a guetter le poısson ıls se reunıssent en petıts comıtes autour de leurs voıtures qu'ıls cajolent comme des amants jaloux. Cette oısıvete n'a rıen d'exotıque car pendant ce temps, les femmes font marcher l'economıe: elles tıennent les boutıques, nettoyent les rues, servent les tables et assurent les guıchets.

Etrange pays que la Georgıe maıs deja tellement plus envoutant que la Russıe! Batoumı est a une heure de la frontıere turque et l'ınfluence musulmane s'en ressent. En atteste le mınaret de la petıte mosquee quı se dresse comme un cure-dents blanc dans la nuıt. Sochı me paraıt bıen loın a mesure que monte la chaleur dans la fumee des narghıles tous proches. Il est temps de passer de l'autre cote et d'entamer la dernıere etape.

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