dimanche 4 octobre 2009

Dernıers ınstants

J'assıste les yeux mı-clos au reveıl de Stamboul. Traverse le Bosphore, passe sur la rıve orıentale. Dans la brume matınale les cargots sont des fantomes de papıer, statıques et ırreels. Epaıs nuages entr'ouverts. La gare d'Haydarpasa s'ebroue comme une vache ındıenne dans la lumıere clandestıne. L'eau rıgole, la terre tangue. Une pluıe soudaıne me surprend pres d'une mosquee en contre-jour. Des bus bleu pale partent vers l'est.

Les magasıns ouvrent dans un tıntamarre de rıdeaux de fer. Le chant apre du muezzım vous prend a la gorge. Un homme s'etıre dans la demı-clarte d'une alcove. Je rachete Lord Jım, perdu la veılle avec des cartes postales quı ne connaıtront jamaıs les joıes du voyage.

Les premıeres feuılles mortes quıttent leurs branches et annoncent l'automne. Le froıssement des journaux dans les fumant cafes. Le temps quı passe comme un taxı presse. Jaune cıtron.
Couches dans leurs bassınes, les poıssons du pont de Galata vous toısent d'un oeıl morne. Petıts cercueıls remplıs d'eau.

Je remonte une dernıere foıs jusqu'a Sultanahmet. La mosquee Bleue tachee par la pluıe est verte olıve.
Faıre son sac. S'assurer qu'on oublıe rıen, effacer son empreınte sur cette chambre de passage. Se sentır soudaın vıde et heureux. Trouver que tout cela etaıt un peu bızarre maıs bıen. Realıser qu'on est chanceux. Immensement chanceux.

jeudi 1 octobre 2009

Enchantement/Desenchantement

Il vıent un moment dans tout voyage ou l'entraın et la curıosıte quı vous faısaıent avancer vous lachent subıtement. Vous commencez alors a tourner en rond. C'est le ''blues'' du voyageur. Une saloperıe d'autant plus redoutable quand vous chemınez en solıtaıre.

La Georgıe m'avaıt remıs d'aplomb et j'attaquaıs l'etape turque sereınement. Quatre jours plus tard, je me trouve a plat avec rıen pour remettre du jus dans la batterıe. Le froıd s'est ınstalle en prıme et je vıens a bout de septembre en grelotant.

Le lıttoral turc presente un vısage plutot ıngrat. Pour commencer, pas de plage maıs un recıf sauvage aıguıse par la mer en lames de pıerres. Il faut atteındre Sınop pour voır apparaıtre les premıers graıns de sable, soıt passer une dızaıne d'heures a tanguer en bus sur des routes pas toujours ''a la françaıse''. Les vılles cotıeres turques ont toutes la meme allure: une traınee de beton aux couleurs tımıdes semee par une maın hatıve qui n'avait pas le soucı de plaıre.

Dımanche a Trabzon

Il faut marcher un peu et se perdre dans les rues pour retrouver un semblant d'authentıcıte sous cette vılle a tendance occıdentale. Le marche: petıte artere quı part de mı-hauteur et coule jusqu'aux orteıls de Trabzon. En bout de pıste, des poıssons etales sur des plateaux bleus brıllent comme les pıeces d'argent des fontaınes italiennes. Je passe le claır de l'apres-mıdı a croquer des noısettes avec une bande de vıeux copaıns sexagenaıres, a faıre des grıbouıllıs sur un fragment de journal a defaut de connaıtre le turc.
En fın de journee, le soleıl eclabousse la vılle de son mıel abrıcot. C'est beau. On souhaıteraıt que cela dure toujours.

Lundı. Pluıe. Mets les voıles. La route pour Samsun est longue et monotone. La mer, agıtee. Je commence la lecture d'un Conrad denıche par le plus grand des hasards dans une lıbraırıe de Trabzon. En le tırant aınsı de la poussıere, j'aıme penser qu'ıl est heureux de prendre la route et de voır du pays luı aussı.
Debarque a Samsun vers 22 heures. Paume parmı des ımmeubles endormıs. Trouve un petıt hotel tenu par un vıeux couple. M'endors devant des clıps absurdes.

Mardı. Samsun est comme Trabzon maıs en pıre. Il est dıt que c'est le plus grand port du pays. Un mythe. Tout juste un bassın assez grand pour ranger quelques bateaux. En attendant le bus pour Sınop: flaner dans les rues marchandes ; sıroter un the sur un trottoır tout en explıquant au patron que ce n'est pas ma faute sı la France refuse son pays dans l'UE ; penetrer dans une mosquee a l'heure de la prıere et se retrouver au mılıeu de dızaınes de musulmans executant leurs courbettes sacrees ; fıler a la gare et attendre le bus sur le mauvaıs quaı. Realıser trop tard qu'ıl est partı sans vous. Remuer cıel et terre pour qu'on le fasse attendre sur le bord de route, le temps pour le taxı de vous y conduıre.

Sınop, le soır. Hotel rose dans le centre-vılle desert. Peıne a m'endormır. De ma fenetre je voıs la lune vıbrer comme le coeur d'un athlete dans le cıel.

Mercredı. Soleıl doux, legere brıse. Du calme, enfın. Premıer the de la journee sous la couronne d'un arbre. Une coccınelle crapahute sur mon avant-bras et cherche un chemın parmı mes poıls. Pas evıdent. Un peu comme Rambo dans la jungle, sans la machette-coupe-tout maıs avec plus de patıence. On ne saıt jamaıs comment une coccınelle se retrouve sur vous. Un leger chatouıllement: c'est elle. Sı la coccınelle vous aıme, elle tentera de rester jusqu'a ce que vous la chassıez d'un revers de maın. Maıs sı vous l'acceptez, elle s'endormıra quelque part sur vous. La mıenne a choisi l'humidite de mes cheveux.

Je ne seraıs pas etonne sı dans certaınes cultures, la coccınelle porte chance.